Léo REN
Partie 1 : Les États-Unis et les tarifs douaniers
Dans le marché de l’art mondial, il y a 4 régions principales par rapport au chiffre d’affaires : Les USA, le UK, la Chine et la France. En 2019, le marché des États-Unis a représenté 44% du chiffre d’affaires mondial. Celui de Royaume-Uni a représenté 20%. Celui de Chine a tenu sa part de 18% et celui de France représentait 7%.
Ces quatre marchés représentaient au total 89% du chiffre d’affaires mondial en 2019. Par rapport à 2018, le pourcentage a diminué 1%.
Malgré le déclin des ventes en 2019, les USA ont tenu sa position de leader sur le marché de l’art mondial en représentant 44% de chiffre d’affaires. Depuis 50 ans, les USA sont leader du marché la plupart du temps. Le pays a une grande population à revenu moyen ou supérieur. L’infrastructure culturelle aux USA s’est hautement développée depuis des décennies. Le pouvoir d’achat, les facilités par rapport à l’infrastructure et l’expertise du secteur ont attiré un grand nombre de marchands internationaux. Cela par la suite attire aussi des collectionneurs du monde entier qui n’ont pas forcément d’intention d’acquérir des œuvres d’art américaines.
Cependant, un nouveau défi se présentait aux USA. En 2019, le pays a vu sa politique protectionniste entrer en vigueur sous son administration actuelle. Cela se traduit principalement par l’augmentation des droits de douane. Beaucoup d’économistes pensent que la majorité des droits de douane ont un effet détriment à l’économie dans l’immédiat et cela ne porte pas d’avantages clairs pour moyen ou long terme non plus. La réussite du marché américain depuis 50 ans est due à un nombre inégalé d’œuvres d’art concentrées dans un marché pour les collectionneurs internationaux. Cette augmentation des tarifs douaniers pose une grande incertitude pour le marché.
À partir du 1 septembre 2019, les USA ont mis en place un droit de douane de 15% sur l’importation des œuvres d’art chinoise, y compris les peintures, les imprimés, les antiquités, etc. Le tarif douanier s’applique sur une base où l’œuvre a été créée et non sur l’endroit où se trouve le marchand. Cela a fait que les achats des œuvres d’art d’origine chinoise aux USA ont été massivement touchés. Les maisons de ventes aux enchères comme Christie’s et Sotheby’s ont toutes les deux protesté ce tarif en fin 2019 en indiquant qu’il pénalise le marché américain pour les transactions liées aux œuvres chinoises.
Le 13 décembre 2019, les USA et la Chine ont annoncé un premier accord sur « Phase One » de négociation d’affaires. La Chine s’est engagée dans l’achat supplémentaire des produits américains en échange d’une réduction de tarif douanier de son homologue. Suite à cet accord, les USA ont modifié sa « Section 301 tariffs ». Le tarif douanier sur les œuvres d’art chinoises a été réduit à 7,5%.
En 2019, les USA ont aussi mis en place les tarifs douaniers sur certaines œuvres d’art européennes. Le 18 octobre 2019, l’Organisation mondiale du commerce (WTO) a pris sa décision qui confirme l’infraction de l’Union Européenne de l’accord entre Les USA et l’UE sur la subvention pour les fabricants d’avions Boeing et Airbus. Suite à cette décision de l’OMC, les USA ont imposé des tarifs douaniers sur plusieurs produits européens. Pour le secteur de l’art, un tarif de 25% s’applique sur l’importation des livres imprimés, des brochures, des lithographies, et des tirages de photos, et des designs imprimés en papier dans les 20 dernières années de UK et de l’Allemagne vers les USA.
Avec l’augmentation considérable des droits de douane sur les œuvres d’art chinoises et européennes, le futur du marché de l’art aux USA présente un niveau d’incertitude élevé pour les galeries et les collectionneurs. La situation actuelle pourrait décourager les galeries de s’investir dans ce marché notamment quand elles n’ont pas encore de clientèle établie.
Maintenant en avril 2020, il est assez difficile de prévoir les conséquences à long terme de ces mesures. Parmi la pandémie de Covid19 qui enchaine l’arrêt d’activité dans la majorité des marchés et les changements constants des tarifs selon les nouveaux accords commerciaux, il est difficile d’anticiper l’évolution de marché dans les mois qui viennent. Cependant, si ce niveau de tarif douanier persiste, le marché aux USA pourrait voir un déclin assez important, car les marchands et les acheteurs vont chercher d’autres marchés plus avantageux pour leurs transactions.
Partie 2 : l’Europe, l’Asie et la France
Le Royaume-Uni a retenu sa seconde place mondiale par rapport au chiffre d’affaires. Il représentait 20% de part de marché en 2019 malgré toutes incertitudes et problèmes concernant l’économie de UK depuis des années.
Depuis le résultat de référendum de « Brexit », le UK a connu plusieurs faillites politiques et deux échéances ratées. Après l’élection en décembre 2019, le dernier gouvernement a avancé la procédure. Le UK a quitté l’UE formellement le 31 janvier 2020. Cependant, les mesures et les procédures qui pourraient fortement influencer le marché de l’art restent non clarifiées. Le UK est entré dans une phase de transition qui dure 1 an. Cela veut dire que peu de choses ont changé actuellement dans le marché. Cependant, avec la pandémie Covid19 et la fin de cette période transitoire en janvier 2021, les défis et les opportunités vont se présenter en masse.
La Chine était le 3e marché de l’art en 2019. Sa part de marché a diminué 1% par rapport à 2018. La Chine a dépassé le UK en tant que marché de l’art en 2010. Elle restait le 2e marché mondial jusqu’en 2014. Depuis le UK et la Chine disputait pour la 2e place. En 2018 et 2019, la Chine était le 3e marché malgré le déclin persistant du secteur dominant, qui est ventes aux enchères. En 2019, la croissance économique de la Chine a atteint le niveau le plus bas depuis 1990, principalement due aux conflits commerciaux avec les USA et une diminution des demandes externes.
La 2e raison importante de la baisse du chiffre d’affaires en Chine est liée aux taxes. La réforme de TVA en 2018 a donné une réduction sur l’importation. Cependant, pour toutes les autres transactions, la réforme de TVA a introduit plus d’obstacles que facilités pour le marché. Les chercheurs pensent que la réduction de la déduction de TVA pour les acheteurs d’entreprises a eu une conséquence négative très prononcée. Pour Hong Kong, qui est la capitale de l’art en Asie avec une politique sans taxe, 2019 était un tsunami. La raison principale est des manifestations massives et l’instabilité politique durant l’année. Cette situation a découragé les voyageurs internationaux et a tremblé la confiance de marché. Le secteur de ventes aux enchères à Hong Kong a connu une chute de 25% en une année. C’était la 2e année de baisse à 2 chiffres depuis 2017.
Avec tous ces désarrois qui menacent les marchés aux USA, au UK et en Chine, la France se voit présentée des opportunités sans précédent pour le nouveau chapitre post pandémie et conflits économiques. C’est important de saisir ces opportunités pour restaurer le marché français.
Depuis au moins 1 siècle, ces marchés principaux ont toujours été massivement influencés ou même cassés par les taxes et les règlementations. Nous devons avoir la conscience de l’importance de politique sur notre marché de l’art à l’avenir. Nous allons analyser dans un prochain article l’évolution du marché de l’art en France depuis 1900 et décortiquer la raison pour la baisse historique que ce marché a subie.